Do you like Inida? La suite

Il y a quelques temps j'écrivais un texte intitulé "Do you like India?" sur ce blog et j'ai exprimé mon agacement face à cette question à laquelle il ne m'était pas facile de répondre avant d'avoir vu un peu plus du pays. Puis, un ami m'a sagement rappelé que réfléchir sur l'amour implique qu’on n’y est pas. En effet, l'amour, soit on est en plein dedans, soit à l'écart et seul. Aujourd'hui je comprends mieux, mais je n'arrive toujours pas à trancher. L'Inde est spéciale, elle offre de tout à grande quantité, un réel bordel de beautés et de déceptions. J'ai toujours été indécise, ma principale qualité suivie de la paranoïa...et que mon grand frère considère comme le pire des maux sur cette terre. Mais cette bêtise que je cultive malgré moi m'a poussé à faire des concessions tout au long de la vie, à relativiser, étant dans l'impossibilité de voir tout en blanc ou tout en noir, j'ai cherché des excuses à tout, aux autres, aux mauvais dans leurs vécus, aux stupides dans l'ignorance, sans jamais en trouver à moi-même. L'Inde dont je parle et tente de juger n'est rien d'autre que celle vue par mes yeux, filtrée par mes expériences, éclairée par mes espoirs et tâchée par mes peurs. Déjà qu'elle est (sans vouloir l'offenser) chaotique, elle l'est du coup deux fois plus. Il y a des jours où je l'aime, et des jours où je ne peux plus la supporter. Comme quand on se regarde dans un miroir, le reflet dépend de notre humeur. Je me sens perdue entre ses milliards de bras, ceux de Brahmâ, Vishnou, Kali, Ganesh...et des centaines de millions d'autres. Ils me fixent avec leurs yeux, et me surveillent avec leurs têtes, comme ils fixent le milliard d'Indiens de couleurs, de croyances, de langues différentes. Au milieu de ce salmigondis, moi Claire 23, j'ai les chocottes. Pourtant la première fois, j'ai ressentie de l’excitation, de la curiosité et une montée d'adrénaline face à l'inconnu, le changement soudain. Puis en écarquillant bien les yeux j'ai commencé mon train train comme ailleurs, mais cette fois-ci à grande vitesse et sur un chemin de fer en mauvais état. Alors j'ai découvert le système D sous ses différents apparats, l'amitié avec de parfaits inconnus, j'ai revisité mes faiblesses, mes phobies, j'ai voulu les avorter sans résultat, et ressenti la douleur de l'accouchement prématuré.

Rencontres; j'ai oublié de mentionner

Au bout de 5 mois sans lever pied de la pédale de gaz, mon monde intérieur m'a rattrapé, et j'ai fait connaissance avec une familière, la Dépression. Cette fois-ci la cousine germaine, pas très jolie comme les autres de la famille d'ailleurs, une gueule d'enterrement, ni futée, mais elle a un effet de somnifère plaisant. On est devenue copine le temps de quelques jours et puis des semaines, puis je l'ai quittée pour aller en vacances, en cachant son existence car elle n'est pas de très bonne influence et tout le monde connaît sa réputation. A mon retour, je pensais qu'elle aurait fait ses valises mais non, elle m'attendait à l'aéroport.

Le coupable idéal

A ce bordel, et à cette amitié peu fréquentable, j'ai réussi à trouver la parfaite excuse: la déesse Inde. Elle encaisse facile, à tort ou à raison, avale les plaintes; les recrée, les détruit puis les maintient, le parfait trimurti. Aujourd'hui elle demande aux Indiens de danser pour Ganesh le dieu éléphant, gros bébé...et ceux-là exécutent à coups de peinture, en débordant sur les trottoirs inachevés, et je souris. Je souris mais ça ne dure pas, car je sais que loin de ces autres victimes inconscientes, de leurs vacarmes et leurs sangs qui se lavent dans les restes de pluie, je pars retrouver mon amie. Et que je suis seule et toute petite face à la déesse Inde qui me regarde droit dans les yeux...l'ironie du sort c'est que je n'y vois que mon reflet, et je ne sais toujours pas si je l'aime ou si je ne l'aime pas.