Voyage en inde

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La vie en Inde

Le quotidien en Inde. Rickshaw-Boulot-Insomnie

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Zen soyonz Zen...

ZZZZ...C'est souvent le bruit que je finis par faire à la fin d'une séance de yoga, ou de Reiki, ou de massage, peu importe. Plusieurs interprétations à cela. 1st. Il parait que je suis fatiguée, fort possible. 2d. Il parait que ce serait une manière de résister à la méditation. Tout à fait possible.

Mais enfin, les Indiens et pas seulement, raffolent de ces choses là, et je comprends maintenant pourquoi toutes ces techniques de relaxation se sont développées ici, et pourquoi l'Inde est si célèbre pour son yoga. C'est tout à fait simple, la vie ici nécessite un rattrapage parallèle sur le bruit incessant, le temps requis pour obtenir ce que l'on veut, le nombre de tampons qu'il faut sur un papier...et je ne peux m'empêcher de rajouter les vigiles à la sortie du supermarché qui vous font chercher le ticket de caisse que vous venez de ranger je ne sais où pour aussi le tamponner. A quoi ça sert? Je ne sais toujours pas.

Bref,ils ont besoin de se détendre après tout ça, et comme les coins chics mais calmes se font rares, il faut payer pour une séance de relaxation, et tous les moyens sont bons...acupuncture, yoga, Reiki, hypnose, fitness, Kingfisher.

Pour vous mes amis j'ai testé quelques unes de ces méthodes "New Age" mais en réalité qui remontent à nos Mamies.

D'abord sur les conseils d'une amie je me suis offerte une séance de Reiki.

Qu'est-ce que c'est? Je n'y connaissais pas grand chose avant Wikipédia. Je ne saurais toujours pas vous dire exactement comment ça marche, puisque ça n'a pas marché pour moi. Enfin si, ça dépend, j'ai dormi. Méthode d'origine japonaise donc, il s'agit de travailler sur les énergies, pouvant être combinée avec la lithothérapie. On ne touche pas, il n'y a pas de contacts (j'adore!) on essaye de se détendre avec le sac à main dans la pièce d'à côté, et on croule sous le poids des pierres.

Résultat, il parait que je serais en colère contre moi même et en besoin d'amour, Hum...Cela va sans dire que je lui ai un peu raconté ma vie avant. Perspicace. Mais je tiens à dire que cette professeur de Reiki est une femme géniale, souriante et prête à écouter, donc c'est toujours une séance de confession offerte. S'il vous arrive de finir à Pune, je vous filerais son numéro.

Désespérée par les tortures de mes pronoms démonstratifs intérieurs, j'ai retenté, une méthode plus reconnue cette fois-ci, et on peut appeler ça un sport: le Yoga, Yog en fait.

Inscription mensuelle à moins de 10 euros pour 1h de pratique 5 fois par semaine, c'est pas mal quand même. Une demi heure d'exercices divers, On commence doucement, étirements, assise, puis debout, ça bouge pas tellement, mais qu'est ce que ça fatigue! La deuxième demi heure est consacrée au Yoga Nitra (sommeil éveillé), J'essaie d'écouter la cassette et suivre les instructions, simples, prendre une bonne résolution, visualiser les parties de son corps...et après? bah je m'endors toujours avant la fin :( En conclusion, je préfère quand même cette méthode, on s'implique un peu plus, et c'est assez surprenant d'observer des positions similaires à celles présentes dans la prière en Islam!

Débordée ces derniers temps par le boulot, j'ai un peu abandonné le yoga, de 5 à 6h, pas le temps.

Sur ma liste, il y a l'acupuncture, l'Ayurveda, et l'hypnose pour finir. Ultime méthode que je tenterais. Je pourrais aussi faire une thérapie par l'art ou le rire, mais ça ne me tente pas. Je pourrais aussi faire du Delta Plane ou aller crier sur la colline.

Par contre Kingfisher ça ne marche pas. :) A suivre donc.

Revenons-en à nous moutons, 4/09/2009

Do you like Inida? La suite

Il y a quelques temps j'écrivais un texte intitulé "Do you like India?" sur ce blog et j'ai exprimé mon agacement face à cette question à laquelle il ne m'était pas facile de répondre avant d'avoir vu un peu plus du pays. Puis, un ami m'a sagement rappelé que réfléchir sur l'amour implique qu’on n’y est pas. En effet, l'amour, soit on est en plein dedans, soit à l'écart et seul. Aujourd'hui je comprends mieux, mais je n'arrive toujours pas à trancher. L'Inde est spéciale, elle offre de tout à grande quantité, un réel bordel de beautés et de déceptions. J'ai toujours été indécise, ma principale qualité suivie de la paranoïa...et que mon grand frère considère comme le pire des maux sur cette terre. Mais cette bêtise que je cultive malgré moi m'a poussé à faire des concessions tout au long de la vie, à relativiser, étant dans l'impossibilité de voir tout en blanc ou tout en noir, j'ai cherché des excuses à tout, aux autres, aux mauvais dans leurs vécus, aux stupides dans l'ignorance, sans jamais en trouver à moi-même. L'Inde dont je parle et tente de juger n'est rien d'autre que celle vue par mes yeux, filtrée par mes expériences, éclairée par mes espoirs et tâchée par mes peurs. Déjà qu'elle est (sans vouloir l'offenser) chaotique, elle l'est du coup deux fois plus. Il y a des jours où je l'aime, et des jours où je ne peux plus la supporter. Comme quand on se regarde dans un miroir, le reflet dépend de notre humeur. Je me sens perdue entre ses milliards de bras, ceux de Brahmâ, Vishnou, Kali, Ganesh...et des centaines de millions d'autres. Ils me fixent avec leurs yeux, et me surveillent avec leurs têtes, comme ils fixent le milliard d'Indiens de couleurs, de croyances, de langues différentes. Au milieu de ce salmigondis, moi Claire 23, j'ai les chocottes. Pourtant la première fois, j'ai ressentie de l’excitation, de la curiosité et une montée d'adrénaline face à l'inconnu, le changement soudain. Puis en écarquillant bien les yeux j'ai commencé mon train train comme ailleurs, mais cette fois-ci à grande vitesse et sur un chemin de fer en mauvais état. Alors j'ai découvert le système D sous ses différents apparats, l'amitié avec de parfaits inconnus, j'ai revisité mes faiblesses, mes phobies, j'ai voulu les avorter sans résultat, et ressenti la douleur de l'accouchement prématuré.

Rencontres; j'ai oublié de mentionner

Au bout de 5 mois sans lever pied de la pédale de gaz, mon monde intérieur m'a rattrapé, et j'ai fait connaissance avec une familière, la Dépression. Cette fois-ci la cousine germaine, pas très jolie comme les autres de la famille d'ailleurs, une gueule d'enterrement, ni futée, mais elle a un effet de somnifère plaisant. On est devenue copine le temps de quelques jours et puis des semaines, puis je l'ai quittée pour aller en vacances, en cachant son existence car elle n'est pas de très bonne influence et tout le monde connaît sa réputation. A mon retour, je pensais qu'elle aurait fait ses valises mais non, elle m'attendait à l'aéroport.

Le coupable idéal

A ce bordel, et à cette amitié peu fréquentable, j'ai réussi à trouver la parfaite excuse: la déesse Inde. Elle encaisse facile, à tort ou à raison, avale les plaintes; les recrée, les détruit puis les maintient, le parfait trimurti. Aujourd'hui elle demande aux Indiens de danser pour Ganesh le dieu éléphant, gros bébé...et ceux-là exécutent à coups de peinture, en débordant sur les trottoirs inachevés, et je souris. Je souris mais ça ne dure pas, car je sais que loin de ces autres victimes inconscientes, de leurs vacarmes et leurs sangs qui se lavent dans les restes de pluie, je pars retrouver mon amie. Et que je suis seule et toute petite face à la déesse Inde qui me regarde droit dans les yeux...l'ironie du sort c'est que je n'y vois que mon reflet, et je ne sais toujours pas si je l'aime ou si je ne l'aime pas.

Quarantina

Quelle odeur! Quelle humidité! Autour de moi un mauvais film de science fiction est entrain d'être tourné, toute cette foule agitée sortie de l'avion se presse, les gens portent des masques, certains attachent un foulard autour de leur nez et de leur bouche. Que se passe-t-il? AI-je fait un mauvais voyage dans le temps, en période de quarantaine?

La foule stagne, pas de queue, pas d'organisation, tout le monde a ce petit papier dans la main, qu'est-ce donc? Il faut le faire tamponner, je comprends maintenant. La foule se dissipent, le comptoir apparaît, encore un masqué, nerveux, les veines sur le front - l'odeur est insupportable, je colle comme un pot de confiture - et il tamponne, et me lance rapidement alors que je suis partie "Fever?" , je lui lance un non de bien loin.

Mon sac à dos n'arrive pas sur le tapis, je stresse, je tape des mains et des pieds dans tous les sens, non ça y est, ils ont tout vidé et mon sac n'est pas dans le lot. Merde! Bizarrement dans toute cette confusion, je me sens plus à l'aise qu'à ma première arrivée, bien sûr, je sais au moins comment ça fonctionne maintenant. Après plusieurs formulaires à remplir, faire tamponner, je pars donc me chercher un taxi pour rentrer et enfin dormir. Avec un peu de chance, je réussit à négocier et me voilà chez moi, sans valises, et déçue, déçue du climat, de l'ambiance grippe porcine, de ces chaussures qui me sautent aux yeux, de ma chambre remplie de moustiques...sans dormir donc depuis presque 2 jours et je pars travailler. Encore déçue, des collègues manquent à l'appel, la quarantaine a prit le dessus. Qu'est-ce que je fous là?

Patiente, c'est encore tout nouveau, ça va s'arranger, arme toi de patiente et vois donc la rose derrière l'épine, le jour après la nuit, tout va s'arranger. Presque une semaine, rien ne s'arrange, c'est de pire en pire. L'Inde aspire mon énergie, elle suce mon être, je suis comme un zombie, fatiguée mais debout, impossible de dormir toujours...je vais tomber, et personne ne pourra me retenir.

L'Inde m'a tué, elle a volé mon essence, pourra-t-elle me faire renaître? Car il faut mourir avant mourir n'est-ce pas, et mourir pour renaître. C'est donc après les retrouvailles de soi-même, c'est donc ça qu'on appellerait se trouver soi-même? Ou est-ce la grippe porcine que je me suis chopée?

Manifeste de l'indienne

1- Le dit texte a pour but de donner quelques tuyaux à la gente féminine européenne souhaitant passer le plus inaperçue en Inde, afin de survivre:

2-Ne soyez pas blonde, ni rousse, ni trop blanche de peau.

3-Si le point précédent ne vous aide pas, vous pouvez toujours porter un foulard, attaché en ninja: beaucoup d'indienne le porte contre la pollution et pour éviter de trop bronzer.

4-Éviter le sari ou le penjabi en boîte de nuit, là vous pouvez oser la mini jupe, cela vaut même mieux.

5-Éviter d'être trop agressive, ne regardez pas les hommes droit dans les yeux, la baston de regards ne fonctionne pas, ils prennent cela pour une invitation.

6-Éviter d'être trop souriante, et gentille, ils prennent cela également pour une invitation.

7-Ne vous croyez pas non plus le centre du monde, et ne vous prenez pas pour un top model, les hommes ont tendance à regarder, mais parfois simplement parce-que vous êtes différente.

8-Roter, cracher est coutume en Inde, laisser ressortir votre côté masculin.

9-Négocier aussi durement que possible, surtout avec les taxis, ils vous respectent lorsque vous gagnez la partie.

10-Bien sûr tout est plus simple si vous êtes brune et poilue, il suffit alors de vêtir un penjabi, remuer la tête en parlant, apprendre 2-3 mots utiles, et faire semblant de comprendre lorsqu'ils vous parlent en hindi. (oui, il s'agit là de ma propre expérience :)

Arrivée

Par où commencer? Je suis arrivée il y a une semaine et il s'est déjà passées tellement de choses que rattraper à l'écrit me semble impossible. Vous l'avez compris, en Inde aussi le temps file à toute allure, et il est même plus rapide qu'en Europe.

Première impression plutôt mauvaise à l'arrivée, lorsque j'ai vu la personne qui était venue me chercher. Elle ne m'a pas adressé la parole sur le trajet de Mumbai à Pune, pendant 3 heures! Ce chauffeur n'avait pas non plus l'air d'apprécier que je prenne des photos, alors bon, j'ai décidé de m'endormir crevée après 10h d'avion. J'ai également pu apercevoir la ville en atterrissant et j'ai été surprise par l'étendue des bidonvilles, mais je n'ai pas croisé Jamal, ni Latika. A l'heure actuelle ils doivent être entrain de siroter des cocktails dans leur nouvelle villa.

Les 2 jours qui ont suivi à l'hôtel seront je l'espère les pires de mon séjour. Confrontée enfin à moi-même, enfermée dans ma peur...je me suis le temps d'une seconde posée la question du pourquoi? Pourquoi suis-je ici? Bon sang quel soulagement quand j'ai découvert le cybercafé juste à côté et vu qu'il fallait simplement changer la position de l'interrupteur pour avoir la TV.

Le chauffeur venu me chercher est une exception à l'heure actuelle (J+8) car les indiens sont très aimables, toujours prêts à aider, et même s'ils ne savent pas comment, ils se sentent obligés d'y réfléchir. Pas seulement la population locale, les étrangers installés ici ont également cette belle attitude, et je dois avouer que je suis surprise, sûrement le manque d'habitude. Non pas que les français soyons des grincheux égoïstes, mais parfois indisponibles et si méfiants. Donc, tout commence bien, et tout ira bien je l'espère.

Pune est une ville qui bouge, les gens circulent, les rickshaw de partout, les motos et scooters...c'est bruyant et pollué, mais j'aime ça. Le bruit de l'extérieur vaut toujours mieux que mon vacarme intérieur. Les ressemblances que je trouve à cette ville et Istanbul sont de plus en plus nombreuses chaque jour. Certes, pas visibles au premier coup d'œil..mais chaque jour je me sens un peu plus chez moi. Si j'arrive en plus à chevaucher un 2 roues et me frayer une place dans cette circulation de fou, je serais quasi une indienne.

J'ai parfois honte d'avoir lu tous ces forums, et les conneries avant de venir, en même temps je me sens plus avisée, mais c'est si différent de l'idée qu'on peut se faire une fois sur place. Ce pays semble juste magique, ce qui explique les croyances, les histoires de Kipling, et le Bollywood. Il faut de la magie parfois pour tenir le coup, et rester droit malgré les dures conditions.

Je veux aller voir le reste du pays, il parait que toutes les régions sont différentes, les gens avec. Pune a quelque chose qui manque, la fête, les cafés, les clubs ferment à 23h au plus tard, ce qui rassure ma Maman. Et il est difficile de voir de la verdure, la ville est très polluée, mais j'aime ça aussi la pollution.

Donc, tout va bien de mon côté, j'ai emménage avec mon colloc allemand, mes collègues sont sympas, la connexion Internet est parfois très lente, finies les soirées téléchargement et séries à gogo, pas d'eau non plus ces jours-ci, et la piscine est fermée, ce qui me fait dire pardonnez-moi "je pue", mais j'aime ça aussi.

En conclusion, j'aime la pollution, le bruit, les odeurs, l'impossibilité à communiquer dans ce nouveau monde submergé par les NTIC, la gentillesse des indiens, le fait de sourire sans comprendre, oui tout ça c'est "No problem"

Pour l'instant...